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LE RIDEAU LEVÉ


tendres ; nous passâmes dans sa chambre ; m’étendant sur le lit de repos, il me troussa et m’examina avec beaucoup d’attention, puis entr’ouvrant un peu les bords de ma fente, il voulut y mettre le petit doigt ; la douleur qu’il me faisait, annoncée par mes plaintes l’arrêta.

— Elle est tout enflammée, ma chère enfant, je vois cependant que tu ne m’as pas trompé ; sa rougeur vient sans doute du frottement auquel tu t’es amusée pendant que j’étais avec Lucette.

J’en convins, et je lui avouai même que je n’avais pu me procurer le plaisir que je cherchais. La sincérité de ma bouche fut récompensée d’un baiser de la sienne ; il la porta même et fit frétiller sa langue sur un endroit qui en éprouvait une sensation délicieuse ; ce genre de caresse me parut neuf et divin, et pour porter l’enchantement à son comble, le membre que j’avais vu parut à mes yeux ; je le pris involontairement d’une main, et de l’autre j’écartai tout à fait la robe de mon père ; il me laissa faire. Je tenais et voyais enfin de près le bijou charmant que j’avais déjà si bien distingué entre les cuisses de Lucette. Que je le trouvais aimable et singulier ! Je sentis dès ce moment qu’il était le véritable mobile des plaisirs. Cette peau, qui haussait et baissait par les mouvements de ma main, en couvrait et découvrait le bout ; mais quelle fut ma surprise lorsque,