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LE RIDEAU LEVÉ


après quelques moments de ce badinage, je le vis répandre la liqueur dont les fesses de ma bonne avaient été inondées. Il y mêlait des transports et des redoublements de caresses que je partageais. Le plaisir produisait en moi l’effet le plus vif. Bientôt il passa dans mes sens, et y mit une émotion indicible ; sa langue continuait son exercice, j’étais suffoquée.

— Ah ! cher papa ! holà ! je me meurs !…

Je me pâmai dans ses bras.

Depuis ce temps, tout fut pour moi une source de lumière ; ce que je n’avais pas conçu jusqu’alors se développa dans l’instant. Mon imagination s’ouvrit entièrement ; elle saisissait tout ; il semblait que l’instrument que je touchais fût la clef merveilleuse qui ouvrît tout à coup mon entendement. Je sentis alors cet aimable papa me devenir plus cher, et ma tendresse pour lui prendre un accroissement incroyable : tout son corps fut livré au plaisir dans mes mains ; mes baisers et mes caresses sans nombre se succédaient sans interruption, et le feu qu’ils excitaient dans lui m’animait à les multiplier.

Il me ramena dans ma chambre, où ma bonne revint quelques instants après. Je ne prévoyais pas ce qu’il allait lui dire.

— Lucette, il est désormais inutile que nous nous gênions pour Laure : elle en sait autant que nous !

Et il lui répéta tout ce que je lui avais