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LE RIDEAU LEVÉ


détaillé, en lui montrant le jeu du rideau. Elle en parut affectée, mais je me jetai à son cou, et mes caresses, unies aux raisons dont il la tranquillisa, dissipèrent le petit chagrin qu’elle avait témoigné. Il sortit et revint une heure après avec une femme qui, dès qu’elle fut entrée, me fit déshabiller et prit sur moi la mesure d’une sorte d’ajustement dont je ne pouvais concevoir ni la forme ni l’usage.

Quand l’heure de se coucher fut venue, il me mit dans le lit de Lucette, en la priant de veiller sur moi : il nous laissa ; mais l’inquiétude le ramenant bientôt près de nous, il se mit dans le même lit. J’étais entre elle et lui ; il me tenait embrassée, et couvrant de sa main l’entre-deux de mes cuisses, il ne me laissait pas y porter la mienne. Je pris alors son instrument, qui me causa beaucoup de surprise, en le trouvant mou et pendant. Je ne l’avais point encore vu dans cet état, m’imaginant au contraire qu’il était toujours gros, raide et relevé : il ne tarda pas à reprendre dans ma main la fermeté et la grosseur que je lui connaissais. Lucette, qui s’aperçut de nos actions, étonnée de sa conduite, ne pouvait la concevoir, et me fit beaucoup de peine par ses propos :

— La manière, monsieur, dont vous agissez avec Laurette, a lieu de me surprendre. Vous, monsieur, vous, son père !

— Oui et non, Lucette ; c’est un secret que je veux bien confier à votre discrétion et à