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LE RIDEAU LEVÉ


lui en ai jamais parlé que la seule fois dont Laure vient de vous rendre compte ; encore y avait-elle donné lieu. Le comte de Norval, à qui elle doit le jour, est un cavalier aimable, bien fait, et d’une figure intéressante, doué des qualités qui plaisent aux femmes ; je ne fus point étonné qu’elle se fût livrée à son penchant ; cependant, elle ne put l’épouser, ses parents ne le trouvant pas assez riche pour elle ; mais si Laure ne m’est rien par le sang et la nature, la tendre affection que j’ai conçue pour cette aimable enfant me la fait regarder comme ma fille et me la rend peut-être plus chère. Néanmoins, cet événement fut cause que je n’approchai jamais de sa mère, me sentant pour elle une opposition que sa fausseté fit naître, et que je n’ai pu vaincre, d’autant plus que son caractère et son humeur ne faisaient que l’augmenter ; ainsi je ne tiens à ma chère Laurette, que par les liens du cœur, ayant trouvé en elle tout ce qui pouvait produire et m’inspirer l’attachement et l’amitié les plus tendres.

Ma bonne m’embrassa et me fit cent caresses qui dénotaient que le scrupule de ses préjugés était enfin totalement effacé : je les lui rendis avec chaleur. Je pris ses tétons que je trouvais si jolis ; je les baisai, j’en suçai le bout. Mon père passa sa main sur elle ; il rencontra la mienne, qu’il prit ; il me la promena sur le ventre de Lucette, sur ses cuisses. Sa peau était d’un velouté charmant ; il me