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LE RIDEAU LEVÉ


n’irait point à ma façon de penser et à mes desseins.

Je fus d’abord très fâchée, et je ne pouvais cacher l’humeur que j’en avais ; mais j’ai trop bien appris depuis combien je lui en devais de reconnaissance.

Il avait prévu à tout. Au bout de ce caleçon était une petite gondole d’argent, dorée en dedans, qui était de la largeur de l’entre-deux de mes cuisses ; toute ma petite motte y était renfermée ; elle se prolongeait en élargissant par une plaque qui s’étendait quatre doigts au dessous de mon petit conin, et elle se terminait en pointe arrondie jusqu’au trou de mon cul, sans aucune incommodité. Elle était fendue en long, et cette fente s’ouvrait et se refermait par des charnières à plat en écartant ou resserrant les cuisses : un canal d’anneaux à charnières plates, de même métal, y était attaché et me servait de conduit. Ce caleçon avait un trou rond, assez grand, vis-à-vis celui de mon cul, qui me laissait la liberté de faire toutes les fonctions nécessaires sans l’ôter, mais il m’était impossible d’introduire le doigt dans mon petit conin, et encore moins de le branler, point essentiel que mon père voulait éviter, et dont la privation me faisait le plus de peine.

J’ai pensé bien des fois depuis, ma chère, qu’on ferait bien d’employer quelque chose de semblable pour les garçons, afin d’éviter les épuisements où ils se plongent avant l’âge ;