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LE RIDEAU LEVÉ


devins aussi gaie et je jouis d’une santé aussi brillante qu’auparavant. Que j’eus de joie de cet événement ! J’en étais folle, j’embrassai Lucette :

— Ma chère bonne, que je vais être heureuse !

Je volai au cou de mon papa, je le couvris de mes baisers :

— Me voilà donc enfin à l’époque où tu me désirais !… Que je serais contente, si je puis faire naître tes désirs et les satisfaire !… Mon bonheur est d’être tout entière à toi ; mon amour et ma tendresse en font l’objet de ma félicité…

Il me prit dans ses bras, il me mit sur ses genoux. Ah ! qu’il me rendait bien les caresses que je lui faisais ! Il pressait mes tétons, il les baisait, il suçait mes lèvres, sa langue venait caresser la mienne ; mes fesses, mon petit conin, tout était livré à ses mains brûlantes.

— Il est enfin arrivé, charmante et chère Laure, cet heureux instant où ta tendresse et la mienne vont s’unir dans le sein de la volupté ; aujourd’hui même, je veux avoir ton pucelage et cueillir la fleur qui vient d’éclore ; je vais la devoir à ton amour et ce sentiment de ton cœur y met un prix infini, mais tu dois être prévenue que si le plaisir doit suivre nos embrassements et nos transports, le moment qui va me rendre maître de cette charmante rose te fera sentir quelques épines qui te causeront de la douleur.