Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/183

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Biron, bourru.

Nous sommes tous des enfants.

Thérèse, poursuivant.

Ce qu’il a fait… c’est un peu par faiblesse… C’est beaucoup pour moi… J’ai réfléchi, depuis hier soir, allez !… j’ai réfléchi toute la nuit…

Biron, même ton.

Au lieu de dormir et de ne penser qu’à être heureuse et jolie !

Thérèse

J’étais transportée de bonheur !

Biron

Ah ! je les reconnais bien ces projets qui paraissent si beaux la nuit… (Un temps.) Oui, mais quand vient le jour… (Lançant les bras en croix, tandis que Thérèse frissonne.) quand on se réveille, les châteaux s’écroulent… les projets merveilleux paraissent impossibles… ridicules.

Thérèse

Je ne vois rien de ridicule dans mes projets.

Biron

Parce que vous n’êtes pas tout à fait réveillée… Sérieusement, croyez-vous qu’à la campagne ou sur la montagne que vous aurez choisie, vous ferez autre chose que de pleurer ?… (Thérèse pleure.) Vous voyez… Croyez-vous que Courtin soit fait pour mener la vie des champs ?… Et d’Auberval, cette espèce de petit…

Thérèse

Armand !

Biron

Oui… enfin… Croyez-vous qu’il ne trouvera pas le