Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/355

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Cléomène.
On nous faisait croire qu’ici
La princesse Psyché, madame, pourroit être.

Aglaure.
Tous ces lieux n’ont-ils rien d’agréable pour vous.
Si vous ne les voyez ornés de sa présence ?

Agénor.
Ces lieux peuvent avoir des charmes assez doux ;
Mais nous cherchons Psyché dans notre impatience.

Cidippe.
Quelque chose de bien pressant
Vous doit, à la chercher, pousser tous deux, sans doute

Cléomène.
Le motif est assez puissant,
Puisque notre fortune enfin en dépend toute.

Aglaure.
Ce seroit trop à nous que de nous informer
Du secret que ces mots nous peuvent enfermer.

Cléomène.
Nous ne prétendons point en faire de mystère :
Aussi bien, malgré nous, paroitroit-il au jour,
Et le secret ne dure guère,
Madame, quand c’est de l’amour.

Cidippe.
Sans aller plus avant, princes, cela veut dire
Que vous aimez Psyché tous deux.

Agénor.
Tous deux soumis à son empire,
Nous allons, de concert, lui découvrir nos feux.

Aglaure.
C’est une nouveauté, sans doute assez bizarre,
Que deux rivaux si bien unis.

Cléomène.
Il est vrai que la chose est rare,
Mais non pas impossible à deux parfaits amis.

Cidippe.
Est-ce que dans ces lieux il n’est qu’elle de belle ?
Et n’y trouvez-vous point à : séparer vos vœux ?

Aglaure.
Parmi l’éclat du sang, vos yeux n’ont-ils vu qu’elle
À pouvoir mériter vos feux ?