Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/360

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PSYCHÉ.

Pour aspirer à cet honneur
Où votre bonté nous appelle,
Et chacune mérite un cœur
Qui n’ait soupiré que pour elle.

AGLAURE
Il me semble, sans nul courroux,
Qu’avant que de vous en défendre,
Princes, vous deviez bien attendre
Qu’on se fût expliqué sur vous.
Nous croyez-vous un cœur si facile et si tendre ?
Et, lorsqu’on parle ici de vous donner à nous,
Savez-vous si l’on veut vous prendre ?

CIDIPPE
Je pense que l’on a d’assez hauts sentiments
Pour refuser un cœur qu’il faut qu’on sollicite,
Et qu’on ne veut devoir qu’à son propre mérite
La conquête de ses amants.

PSYCHÉ
J’ai cru pour vous, mes sœurs, une gloire assez grande,
Si la possession d’un mérite si haut…


Scène IV

LYCAS, PSYCHÉ, AGLAURE, CIDIPPE, CLÉOMÈNE, AGÉNOR.


LYCAS, à Psyché.
Ah ! madame !

PSYCHÉ
Ah ! madame ! Qu’as-tu ?

LYCAS
Ah ! madame ! Qu’as-tu ? Le roi…

PSYCHÉ
Ah ! madame ! Qu’as-tu ? Le roi… Quoi ?

LYCAS
Ah ! madame ! Qu’as-tu ? Le roi… Quoi ? Vous demande.

PSYCHÉ
De ce trouble si grand que faut-il que j’attende ?

LYCAS
Vous ne le saurez que trop tôt.

PSYCHÉ
Hélas ! que pour le roi tu me donnes à craindre !

LYCAS
Ne craignez que pour vous ; c’est vous que l’on doit plaindre.