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LES FEMMES SAVANTES.

C’est le retranchement de ces syllabes sales,
Qui dans les plus beaux mots produisent des scandales ;
Ces jouets éternels des sots de tous les temps ;
Ces fades lieux communs de nos méchants plaisants ;
Ces sources d’un amas d’équivoques infames,
Dont on vient faire insulte à la pudeur des femmes.

Trissotin.
Voilà certainement d’admirables projets !

Bélise.
Vous verrez nos statuts quand ils seront tous faits.

Trissotin.
Ils ne sauraient manquer d’être tous beaux et sages.

Armande.
Nous serons, par nos lois, les juges des ouvrages ;
Par nos lois, prose et vers, tout nous sera soumis :
Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis.
Nous chercherons partout à trouver à redire,
Et ne verrons que nous qui sachent bien écrire.


Scène III.

Philaminte, Bélise, Armande, Henriette, Trissotin, Lépine.

l’Épine, à Trissotin.
Monsieur, un homme est là qui veut parler à vous,
Il est vêtu de noir, et parle d’un ton doux.

(Ils se lèvent.)


Trissotin.
C’est cet ami savant qui m’a fait tant d’instance
De lui donner l’honneur de votre connoissance.

Philaminte.
Pour le faire venir, vous avez tout crédit.


Scène IV.

Philaminte, Bélise, Armande, Henriette.


Philaminte, à Armande et à Bélise.
Faisons bien les honneurs au moins de notre esprit.
(À Henriette, qui veut sortir.)
Holà ! Je vous ai dit, en paroles bien claires,
Que j’ai besoin de vous.

Henriette.
Que j’ai besoin de vous. Mais pour quelles affaires ?