Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/44

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Je le crois.

La Princesse
Ne pourrais-tu, Moron, me servir dans un tel dessein ?

Moron
Vous savez bien, Madame, que je suis tout à votre service.

La Princesse
Parle-lui de moi dans tes entretiens, vante-lui adroitement ma personne, et les avantages de ma naissance, et tâche d’ébranler ses sentiments, par la douceur de quelque espoir. Je te permets de dire tout ce que tu voudras, pour tâcher à me l’engager.

Moron
Laissez-moi faire.

La Princesse
C’est une chose qui me tient au cœur, je souhaite ardemment qu’il m’aime.

Moron
Il est bien fait, oui, ce petit pendard-là ; il a bon air, bonne physionomie, et je crois qu’il serait assez le fait d’une jeune princesse.

La Princesse
Enfin tu peux tout espérer de moi, si tu trouves moyen d’enflammer pour moi son cœur.

Moron
Il n’y a rien qui ne se puisse faire ; mais, Madame s’il venait à vous aimer, que feriez-vous, s’il vous plaît ?

La Princesse
Ah ! ce serait lors que je prendrais plaisir à triompher pleinement de sa vanité, à punir son mépris par mes froideurs, et à exercer sur lui toutes les cruautés que je pourrais imaginer.

Moron
Il ne se rendra jamais.

La Princesse
Ah ! Moron, il faut faire en sorte qu’il se rende.

Moron
Non, il n’en fera rien, je le connais, ma peine sera inutile.

La Princesse
Si faut-il pourtant tenter toute chose, et éprouver si son