Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/104

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100 LIVRE IV, CHAPITRE XIII rencontrerez-vous chez lui d’inutiles longueurs, les memes tours se répétant de façon bavarde, les négligences les plus fàcheuses : le premier _mot qui lui vient, grec ou latin, lui est le meilleur. Dc meme il en agit avec le rhythme, avec Vhexamètre, son langage habituel; défaites les mots, dit son ingénieux imitateur, et bien fin qui verra qu’il n’a pas affaire a de la simple proset : ses vers ne sont pas autre chose que notre prose rimée =. La poésie de Terence et celle ‘ [ ..,.. his ego quœ nunc, _ Olim quœ scripsit Lucilius, eripias si · Tempora certu modosque. et quod prius ordine verbum est Posterius facias, prœponens uliima primis ‘ Non ....... Invenias disjecti membra poetœ. · (Hor. Sat. I, 4, 58.)] ’ Voyez le fragment de quelque étendue qui suit, donnant à la fois ~ l'échantillon caractéristique et de son style et de son vers. impossible de couler dans le moule de notre hexamètre allemand [ou de l'alex· andrin français] cette lache et dil’I'use matière. , Virtus, Albine, est pretium persolvere verum Queis in versnmur, queis viuimu' 1·ebu' potesse, Virtus est homini scire id qnod qnœque habeat res; Virtus scire homini rectum, utile quid sit, honestum, Quœ bonu, quœ mala item, quirl inutile. tnrpe, inhoneslum; Virtus quœrendœ rei finem sclre modumque: Virtus divitiis pretium persoluere posse; Virtus id dare quod re ipsa debetur honori, Hostem esse atque inimicum hominum morumque malorum, Contra defensorem hominum morumque bonorum, . Hos magni facere, his bene celle. his viuere amicum: Commoda prœterea patriœ sibi prima putare, _ Deinde parentum, tertia jam postremaque nostra. « La vertu, Albinus, c’est pouvoir mettre le vrai prix aux choses il à notre portée, au milieu desquelles nous vivons: la vertu,·c`est » savoir ce que toute chose comporte: la vertu, c’est savoirleyuste, » l’utile et l'honnête; savoir le bien, le mal, l‘inutile, ce qui serait ¤ honteux ou déshonnête: la vertu, c’est savoir la mesure, la limite » à la fortune cherchée; c’est pouvoir payer le prix de la richesse: v la vertu, enfin, c’est honorer ce qui mérite de l'être; c’est être » l’ennemi des méchants et des mauvaises mœurs, être le champion » des bons et des bonnes mœurs: ¢:'est de faire cas de ceux-ci, » leur vouloir du bien, être leur ami; c’est de mettre en pre- » mière ligne l’intérêt de la patrie, puis celui de la famille, et ne » songer à soi qu’en troisième et le dernier! » , [J’ai traduit mot a mot et de façon à mettre en évidence les qua- lités et les défauts littéraires énumérés dans le jugement de M. Mommsen, jugement puisé, à toutes les lignes, aux sources de la critique antique.]