Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/109

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LITTÉRATURE ET ART ` 105 mensonge débités par l’école des rhéteurs de l’Attique : trivialité, platitude, bassesse de langue, amertume, tous les, vices du siecle y déposaient leur lie. Ni chez les Romains . ni chez les Grecs, rien qui ressemblàt à l’histoire des cités et des races. Vint Polybe, le Péloponnésien : le premier, on l’a dit avec justesse, se tenant aussi loin des Attiques, par la pensée tout au moins, que des Romains, il franchit hardiment ces importunes barrières; il appliqua le sens plus mur de la critique grecque aux matériaux que Rome lui fournissait; il légua à la postérité, non pas sans doute une œuvre d’histoire universelle, mais une œuvre vaste, planant au-dessus des cités locales, et envisageant l’État romano—grec dans son essor et dans son avenir. Jamais peut-etre il ne s’est rencontré d’historien réunissant aussi completement en lui les qualités précieuses de l’ecrivain qui puise à même les sources. Il embrasse nettement et à toute heure l'ensemble de son plan.»Jamais sa vuc ne dévie et ne cesse de suivre le mouvement des faits dans leur vrai progrès. Légendes, anecdotes, notices confuses et inutiles ` des chroniques, tout cela, il le rejette : mais il décrit les pays et lespeuples, il expose leur systeme politique ou mercantile et il remet à leur place trop longtemps négligée tous 'les faits multipleset importants que les annalistes ont laissés au rebut, faute de savoir à quel clou, à quelle date précise les suspendre. Chez- Polybe quelle circonspection , quelle persévérance dans l’emploi des matériaux! Jamais ancienne l’emporta ici sur lui : on le _voit collationnant les titres publics, étudiant à fond la littérature des diverses nations, tirant étonnamment parti de sa situation personnelle pour apprendre _les faits de quiconque y a mis la main ou en fut le témoin oculaire, parcourant enfin, et méthodiquement, toute la région méditerranéenne, et une partie des cotes de l’0céan atlan- tique'. L'amour de la vérité lui est une seconde nature.: ‘ Ces voyages scientifiques n`etaient d'ailleurs point rares chez les