Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/138

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134 LIVRE V, CHAPITRE I homme poli, nn honnete aristocrate, mais sans grand talent, sans talent militaire, surtout. Métellus, personnel- v lement, méritait l’estime par son caractère; il était de plus bon capitaine et soldat éprouvé : au sortir de son consulat, '/9 ¤v- J··C- en 675, alors que les Lusitanieus, unis aux émigrés romains a la suite de Quintus Sertorius, venaient de relever la tete (V. infra), il avait été envoyé en Espagne, non point tant à cause de ses relations d’étroite parenté ou de corporation · avec le régent, qu’à cause de son mérite hautement reconnu. C’étaient aussi deuxbons ofliciers que les deux Lucullus: l’aîné surtout, Lucius, a un talent militaire très-réel, joignait la culture littéraire la plus soignée et tous les goûts de l'écrivain : comme homme, il avait le sens de l’honneur. Mais sur le terrain de la politique, ces corypbées de l’aristocratie se montraient sans vigueur, a courtes vues, médiocres presque autant que le commun des sénateurs. Braves et utiles eu face de l’ennemi du dehors, ilsu’étaieut ni disposés à se jeter dans le mouve- ment politique, ni capables de prendre en main le gouver- · nail et de conduire sûrement le vaisseau de l’Etat sur cette - — mer agitée des intrigues et des factions. Mettant toute P leur sagesse dans l’orthodoxie de leur croyance oligarchique et dans sa panacée, ils haissaient cordialement la déma- gogie : ils la maudissaient hardiment comme toute force qui ose s’émanciper elle-meme. Il sulïisait de peu de chose, d’ailleurs, a leur très-mince ambition. Nou qu’il faille croire, uon plus qu’à taut d'autres historiettes dont sont remplis les livres, à tout ce qu’on raconte du séjour de Métellus en Espagne, à ses sottes faiblesses pourla rude lyre des poètes à gages du pays, a ces libations de vin . offertes, à cet encens brûlé sur son passage comme devant un Dieu, à ces Victoires planant sur sa tète, lorsqu’il‘était à table, et le couronnant de lauriers au bruit du tonnerre! Vrais ou faux, tous ces bavardages ne peignent-ils pas au ` — ' vif les glorioles vaniteuses ou se complaisaient les Epigones dégéuérés des vieilles grandes races ? Les meilleurs d’entre