Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

_ LEPIDUS ET SEHTORIUS 163 'ment prospère naguère. Les villes, qui tenaient pour le ` parti dominant dans Rome, souffraient pareillement d’in- dicibles maux : il fallait que la flotte latine convoyàt le ” nécessaire à toutes les places de la cote; et a l’iutérieur, dans les cantons fidèles, la situation était â peu pres désespérée. Dans les Gaules,. le sort des populations ne valait guère mieux : la, les réquisitions en hommes de pied et en cavalerie, en vivres et en argent, les lourdes charges des cantonnements d’hiver des armées, charges devenant écrasantes au lendemain des mauvaises récoltes de 680, tout avait fait le vide dans les caisses des cités z vi av. s.·c. il avait fallu recourir aux banquiers de Rome, et s’imposer par surcroît une lourde dette. Généraux etsoldats ne se - battaient qu’à contre-cœur. Les généraux avaient affaire à un adversaire bien au-dessus d'eux par le talent : ils se heurtaient à une résistance patiente, opiniatre, a une guerre pleine de dangers, ou les succès étaient difficiles · et sans gloire : on affirmait dans les camps que Pompée songeait à provoquer son rappel, et à se faire donner _ ailleurs un commandement plus a souhait. Les soldats de L même n’avaient point le cœur a cette guerre ou ils ne _ `gagnaient que des coups, sans butin qui les récompensàt, sans 'meme que leur solde leur fût régulièrement payée. Durant l’hiver de 680 a 681, Pompée n’avait—il pas dû una. faire savoir au Sénat que l’arriéré remontait à deux années; que l’arm`ée menaçait de se débander, si l’on n'y - ' mettaitordre: alors seulement Rome avait envoyé l’argent. ` Nul doute que la République n’eût pu éviter en grande u partie tous ces embarras :` il eût suffi de pousser moins mollement la guerre, pour ne pas dire avec moins de » mauvaise volonté. Beconnaissons d’ailleurs que la faute n’était point toute du côté du pouvoir etdes généraux. La fortune les avait mis en face de Sertorius, d’un homme supérieur par le génie, et qui sur un terrain éminemment · favorable aux luttes d’insurgés et de corsaires, pouvait durant des années défier d’innombrables armées,.etmener L