Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

V -17/i LIVRE V, CHAPlTBE ll ' du crime, déja ils s'avancent vers l’association meilleure ` de l’esprit public. En un siècle infâme, où l’indiscipline et la lâcheté allaient corrompant tous les ressorts de · l’ordre social, les républiques légitimes auraient du prendre à modele cette république balarde, enfant de la détresse et de la violence, où semblaient s’etre réfugiés dans un — dernier asile le sentiment d’une inébranlable union ct d’une fidèle camaraderie,. le respect de la parole donnée, l’obéissance au chef élu par tous, la bravoure enfin, et »-l’habileté politique. Sur leurs bannières, il avaient écrit, je le veux, qu’ils tiraient vengeance de toute société régu- lière, coupable, àt tort ou à droit, de l’exil de ses mem- bres : mais franchement, la devise de ces piratesétait-elle pire que celle de l’oligarchie italienne , que celle du, sêdtartisme oriental, ces deux colosses, alors en train de se partager le mondo? Ils se sentaient les égaux de tout autre état légitime. Les corsaires avaient la fière allure de leur _ métier, son faste et sa fantaisie capricieuse : mainte légende l’alteste, marquée aucoin d’une folie insouciante et d'un chevaleresque banditisme! Ils se croyaient, ils se vantaient d’élre en juste guerre avec le monde: leur gain, . c’était butin, et non vol;et si dans tous les ports romains, la croix dressée attendait leur camarade d’armes prison- nier, ils se proclamaient en droit à leur tour de punir tout Romain, fait captif, de la peine capitale. Leurs vais- ' seaux, ces « barques-souris f`», comme on les appelait, petites nefs, lines voilieres et non pontées (ils n’avaient qu’en petit nombre des birèmes et des trirèmes), marchaient 'massés en escadres régulières derrière les barques ami- rales, celles-ci éclatantes d’or et de pourpre. Un des leurs était—il en danger, appelait-il à l'aide, tout inconnu qu’il fut, leurs capitaines volaient à son secours : les contrats ‘ lfllyoparoncs. Ce mot grec est employé par Cicéron (Vcrr. 2, 3, 80, 2, 1, 34). —_0n lit dans Festus (p. H7, éd. Müller): Illyoparo, gcmts nauigii ca: duobus dissimilibus formatum. Nam et myon et paron per se sunt. — V. aussi Dict. de Rich., ve Myoparo.] ` `