Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/179

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· LA RESTAURATION APRÈS SYLLA 175 I , a conclus avec l’un d’eux, la communauté entière les tenait pour invîolables: mais ple dommage souffert était aussi vengé par tous. Ils avaient pour vraie patrie la mer qui va des colonnes d’Hercule aux plages de Syrie et d’Egypte en terre ferme : ils avaient partout leurs lieuxdasile, pour eux`, pour leurs maisons flottantes, sur les cotes de . Mauritanie et de Dalmatie, dans l’ile de Crète, abrités surtout derriere les nombreux promontoires et les reduits couverts de la cote sud de l’Asie-Mineure , cette terre sans W maitre, qui commandait les grandes routes du_commerce- maritime. Ici, en effet, la fédération des villes lyciennes ou pamphyliennes ne pouvait compter que pour peu : la station romaine établie en Cilicie depuis 652 ne suffisait 102 ¤v- J--C· pas, à beaucoup près, à protéger la longue ligne des côtes: la domination syrienne n’avait jamais été qu’un ` vain nom,dans ces contrées ou depuis peu l’avait remplacée la suzeraineté de l’Arménie. Ajoutons que le nouveau Grand-Roi, dans l’apanage duquel elle était tombée, ne se souciait guère du sceptre des mers, et les abandonnait volontiers aux incursions des riverains. Aussi rien d'éton- nant à ce que les pirates prospérassent sur cette terre! Ils y possédaient sur les rivages des stations, des tours de signal, et s’enfonçaient dans les réduits perdus de l’inté— rieur, au sein·de l’impraticable et montueux massif de la Lycie, de la Pamphylie et de la Cilicie. Là, ils avaient bàti leurs chateaux uu haut des rocs, y enfermant, pendant qu’ils écumaient l'Archipel, leurs femmes, leurs enfants `et leurs trésors, et venant s’y mettre en sûreté au premier , danger qui menaçait. C’était surtout dans la Cilicic rude [Trac/zée] qu’ils avaient leurs nids d’nigle; et comme les A forets leur donnaient des bois excellents pour la cons- truction des navires, ils y avaient aussi leurs principaux chantiers et leurs arsenaux. Rien d'étonnant encore à ce que leur république militaire fortement ordonnée eût su _ ranger dans sa clientèle les places grecques maritimes ' délaissées à elles-mêmes et se gouvernant tant bien que