Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/189

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4 LA RESTAURATION APRÈS SYLLA ISS Sylla n'en était ni plus sage ni plus capable d’énergie, et que·l’heure avait sonné du commencement de la fin du monde romain, ' De l’autre côté, on ne voulait pas la guerre. Tigrane n'avait nul motif de la souhaiter, puisque Rome lui aban- donnaitses clients sans prendre les armes. Mithridate, qui n’était rien moins qu’un pacha stupide, et qui dans ses jours de bonheur ou d’infortune avait expérimenté ses amis et ses ennemis, Mithridate savait très-bien qu’au cas d'une seconde guerre avec Rome, il serait seul encore, comme durant la première. Il n’avait donc rien de mieux à faire que de se tenir tranquille, et de~se fortifier en ` silence. Ses protestations de paix étaient sincères, il l’avait bien montré dans sa rencontre avec Muréna (V, p. 343); _ etil continuait danscettevoie, évitanttoutefausse démarche _ de nature à faire sortir la République de son attitude passive! . Mais de méme que la première guerre avec le roi du Pont s'était à la fin engagée sans qu’aucun des belligé-. rants la voulut en réalité, de méme, à cette heure, les I soupçons réciproques allaient croissant par l’effet desinté- réts contraires. Les soupçons amenaient les préparatifs de défense; et ceux—ci, pesant de leur poids , conduisaient à la rupture ouverte. Depuis longtemps Rome avait assez peu foi dans son effectif militaire et dans ses ressources immédiates de combat : quoi de plus naturel qu’une telle . . méfiance, chez qui n’entretient pas sur pied une armée permanente, et là où le gouvernement médiocrement conduit repose au sein d’une assemblée délibérante? Par suite il était.passé en axiome dans la politique romaine que la guerre une fois entamée, il convenait de la pousser, non jusqu’à la défaite de l'enncmi, mais jusqu’à sa des- truction. On s’était d’abord montré peu satisfaitde la paix naguère conclue par Sylla, tout comme autrefois on avait regretté les conditions octroyées par Scipion :l’Afri- _ cainàCa1·thage. Tous les jours on manifestait des craintes