Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/205

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LA RESTAURATION APRÈS SYLLA 9.01 ' r0ler dans ses troupes les Thraces prisonniers, naguère à · la solde de Mithridate, et marcha sur l’Euphrate avec deux ` légions` seulement, 45,000 hommes au plus. Il y avait là t témérité sans doute : pourtant, l’exiguité du nombre pou- · _ vait en quelque sorte se compense1·`par la bravoure solide d’une armée composée tout entiere de vétérans. Le . — vrai danger, c’était le fâcheux esprit du soldat: Lucullus en ' tenait trop peu compte du haut de son orgueil de caste. Général habile, et dans la mesure des idées aristocra- tiques homme probe et bien intentionné, il s’en fallait de beaucoup qu’il se fit aimer de ses troupes. Il était impo- pulaire, en tant que partisan décidé de l’oligarchie : t impopulaire, parce qu’en Asie-Mineure il avait énergique- ment réprimé les usures hideuses des capitalistes romains; impopulaire, à cause des travaux et des fatigues dont il écrasait son armée, à cause de la sévere.discipline à la- V quelle il tenait la main, à cause des villes’grecques dont A il empechait de toutes ses forces le pillage, tandis que_pour lui~mème il faisait charger chariots et chameaux des_ immenses trésors de l’Grient; impopulaire; enfin, à cause de son élégance, de ses mœurs nobiliaires, de—son gout pour la Grèce, de ses façons hautaines surtout, et du raffinement passionné de sa vie confortable. Bien en lui de ce qui charme et entraine, `de ce qui rattache le * · soldat à la personne du général. D'ailleurs ses vétérans, pour la plupart, et précisément les plus solides, avaient juste cause de se plaindre de la prorogation sans mesure _ de leur temps de service; Ses deux meilleures légions étaient venues en Orient (668) avec Flaccus et Fimbria 86=·v·J--C- (V, p. 294) : et quoique tout récemment, au lendemain de_ la bataille de Gabira, le congé leur eut été promis, congé ` bien gagné par treize campagnes, voici que leur géuéralles f emmenait au-delà de l’Euphrate, slenfoncant à perte de vue dans une guerre nouvelle. En réalité, les vainqueurs de Cabira étaient plus maltraités que les vaincus de Cannes (III, pp. 484, 240). N'y avait-il point témérité .