Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/226

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222 LIVRE V, CHAPITRE II " lieu de rejoindre le gros de l’armée, s’en retournerent chez eux. Puis, quand l'ordre fut donné de marcher aux retran- chements de llennemi et de monter à l’assaut, la plupart de ses gens se refuserent net à suivre leur général. Varinius se mit en mouvement avec ceux qui lui restaient fidèles, mais il ne trouva plus les brigands là ou il les cherchait. · Ils avaient décampé en silence, et se dirigeant vers le sud, ils allèrent attaquer Picensia (Vicenza pres d’Amal/J), où ' _ le préteur les joignit, sans pouvoir les empêcher de fran- chir le Szïlarus et de s’enfoncer jusque dans l’intérieur de la Lucanie, cette terre promise des pàtres et des bandits. · Varinius les y suivit encore, et là cet ennemi, que l’on tenait pour méprisable, accepta enfin la bataille. Les choses tournèrent tout au désavantage des Romains. Les ` soldats, qui peu d'heures avant s’écriaient tumultueuse- ment qu’ils voulaient se battre, se battirent mal. Varinius fut vaincu; son cheval et ses insignes tombèrent avec son camp aux mains de l’ennemi. Aussitot tous les esclavesde l’Italie du sud, ceux surtout, plus braves et à demi sau- vages, qui vivaient de la vie pastorale, accourent en foule autour du libérateur inattendu : selon les évaluations ' les plus modérées, les insurgés_ armés comptent déja . 40,000 hommes. Ils reprennent d’un seul coup la Gam- ' . panie qu'ils avaient abandonnée, dispersant ou écrasant le corps romain laisse en arrière par Varinius, sous les ordres — de Gains T/zommus, son questeur. Dans le sud et le sud-_ ouest, tout le pays ouvert appartient aux chefs des bandes · victorieuses : des cités importantes, Consentia dans le Bruttium, Thurii, Métaponte en Lucanie, Nola et 'Nucérie · en Campanie, sont enlevées d’assaut et subissent toutes les horreurs que peuvent infliger les barbares demeurés les plus forts à des habitants civilisés sans défense, et les esclaves déchaînés à leurs anciens maîtres. Que dans cette lutte il n’y eût plus rien qui rappelàt le droit .de la guerre; qu’elle fut une boucherie et non la guerre, on le comprend de reste. Les maîtres, quand ils faisaient les bandits pri-