Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/227

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LA RESTAURATION APRÈS SYLLA 223 I sonniers, les mettaient en croix : ceux-ci a leur tour ne donnaient jamais quartier, et souvent par de railleuses et cruelles représailles, ils obligeaient les Romains captifs à s’entretuer comme des gladiateurs: on en vit un jour ’ 300 soumis à la fois à cet odieux traitement, pour feter les funérailles d’un chef tué dans le combat. A Rome, ` ` ‘ l’inquiétude était grande devant cet incendie, qui gagnait et dévastait. On décida pour l’année suivante (682) l'envoi 72 ¤v· J··C· des deux consuls contre le redoutable bandit. Un préteur, crooaoe Quiutus Arrius, lieutenant du consul Lucius Gellius, eut vêîsjîîugï A la bonne chance d’atteindre et de détruire, au pied du Garganus, en Apulie, une troupe de Gauloisqui, sous la conduite de Crimes, s’était séparée du gros de l’armée des _ révoltés. Mais Spartacus n'en remporta pas moins de ` grandes victoires dans l'Apennin et dans l’Italie du nord : là, le consul Gnœus Leutulus, au moment même où il _ pensait le tenir cerné et l’anéantir, puis bientot son · collègue Gellius, puis Arrius, le vainqueur du Garganus, puis près de Modène le proconsul de la Cisalpine, Gaius Cassius (consul de 681), et enfin le préteur Gnœus ·73· Jllanlius, succombèrent tous, les uns après _les autres. Les . hordes à peine armées étaient l’effroi· des légions; et cette longue série de désastres remettait en mémoire les pre- V mières années de la guerre contre Hannibal. On ne saurait dire, vraiment, ce qui aurait pu arriver, si au lieu de simples gladiateurs fugitifs, les bandits victorieux avaient ' cu à leur tète les rois des tribus des monts d’Auvergne ou ` du Balkan. Mais malgré leurs succès éclatants, ils n’en Décomposition restèrent pas moins ce qu’ils étaient, une horde de bri— ,,l,,,;"(§;î,`(;,,,,,_ gands et de rebelles, destinés à périr bien moins sous les coups d'adversaires plus forts que par leurs propres _ discordes et leur manque de plan. L’unité contre l’ennemi commun, ce phénomène si remarquable des anciennes . ' guerres serviles de Sicile, fit ici absolument défaut; et- la ' , cause en est manifeste. Tandis qu'en Sicile les esclaves trouvaient un centre d’intérèt national dans la commu- |