Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/228

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224 LIVRE V, CHAPITRE 'II 4 nauté de leur origine syro-grecque, en Italie au contraire _ ils se séparaient en deux groupes, les helléno-barbares et les celtosgermains. La dissension s’était mise entre le Gaulois Crixos et le Thrace Spartacus (0Enomaos Qavait péri dans les premiers combats). Les querelles et les ran- _ cunes les empèchèrent de tirer profit de leurs premiers succès, et ramenerent souvent la victoire dans le camp des . Romains. Mais, je le répète, l’absence de plan et de but \ plus encore que l’esprit d'indiscipline des Gallo-Germains, U fut la ruine de l'entreprise tentée par les esclaves. Spar- tacus, à en juger par le peu que nous savons de lui, était de beaucoup supérieur à ses compagnons. Gutre son génie stratégique, il avait un talentd’organisation peu commun; et dès le début, sa justice dans le gouvernement de sa A bande et dans le partage du butin, au moins autant que ' sa bravoure, avait attiré sur lui tous les yeux: Se voyant A presque sans cavalerie et sans armes, il avait, pour parer à . cette grave lacune, fait dresser des chevaux pris dans les troupeaux des domaines de l’Italie du sud; puisquand il. se fut emparé du havre de Thurii, il s’y procura du fer et V de l'airain, sans doute par liintermédiaire des pirates. ` Malheureusement il avait affaire à des hordes sauvages, et A qu’il ne put jamais ni façonner, ni maintenir dans la voie qui menait au but. Il aurait·voulu empécher "ces baccha- nales cruelles et folles, auxquelles s'adonnaient les bandits dans les villes prises, et qui étaient le principal empéche- ment à ce qu’aucune cité italique fit volontairement cause commune avec l’insurrecl.ion. L’obéissance, qu’il trouvait chez ses hommes à l’heure du combat, cessait à l'heure de la victoire : ses représentations, ses prières étaient peine I perdue. Après les victoires remportées dans l’Apennin en 72 av. J.·c. 682, son armée avait toutes les routeslibres devant elle. ` Alors, a ce que l’on croit, il aurait formé le dessein de franchir les Alpes, s’ouvrant ainsi, à lui et aux siens, le retour dans la patrie, dans la Gaule ou dans la Thrace. Si la tradition dit vrai, elle montre par là combien, tout