Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/233

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LA RESTAURATION APRÈS SYLLA 229 ' toujours à son honneur! Aujourd'hui on a toutes les peines du monde à trouver dans le haut état-major un capitaine de quelque talent. Alors, la République allait prendre son dernier paysan à la charrue, plutot que de renoncer à la conquete de la Grèce et de l’Espagne : aujourd’hui, on abandonnerait presque les deux territoires depuis long- . temps conquis , pour ne plus songer qu’à défendre l‘Italie contre une horde d'esclaves en révolte! Un Spartacus put un jour, comme un autre Hannibal, parcourir avec ses hommes armés toute la péninsule, du Po au détroit de Sicile, battre deux consuls, menacer Rome du blocus! Pour attaquer la Rome d’autrefois, il avait fallu, le plus grand capitaine de l’antiquité : aujourd’hui, il a suiïi de ' |’audace_ d’un chef de bandits! Faut-il s’étonner de ce qu'après ces tristes triomphes sur les rebelles et les bri- gands, rien ne se ravive ou rajeunisse dans la République? Parlerai-je des guerres extérieures? Leurs résultats sont plus pauvres encore. La guerre de Thrace et de Macé- doine, sans couvrir les dépenses faites en hommes et en . argent, et elles furent grandes, ne s’était point partrop · mal terminée. Mais du coté de l’Asie—Mineure, mais dans ses expéditions contre les pirates, la République avait fait _ complet naufrage. La guerre asiatique avait amené la perte de toutes les conquetes, fruit de huit campagnes: dans la guerre contre la piraterie, les Romains s’étaient vus chasser de « leur mer [mare nostrum] ». Jadis, confiante dans l'ir- résistible force de ses armées de terre, Rome avait étendu son empire jusque sur le deuxième élément. Aujourd’hui la grande République est devenue impuissante sur les mers, et elle semble a la veille de perdre ses conquêtes continentales en Asie. Sécurité des frontieres, relations pai- _ sibles et respectées du droit des gens, protection de la loi, administration régulière, tous ces bienfaits que doit garan- tir l'État constitué semblent tous à la fois disparaître du milieu des peuples unis sous le sceptre de Rome: les dieux bienfaisants sont remontés dans l’0lympe, laissant