Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/240

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. 236 - LIVRE V, CHAPITRE III grands gouvernements,·au profit de leurs collègues de- meurés dans la capitale. Mais lorsqu'on eut vu condamner I à mort tel notable siciliote, quoique absent et non entendu, pour avoir refusé assistance au préteur dans la perpétration d’un crime; quand on eut vu menacer tel citoyen romain des verges et'de la hache, par cela seul qu’il n’était ni ` chevalier ni sénateur; quand l’on eut vu enfin l'oligarchie ` ` ·régnante fouler décidément aux pieds les droits les plus saints et les vieilles conquêtes de la démocratie romaine, , _la liberté individuelle et la sécurité de l’existence, le peuple, sur le Forum, prèta l’oreille aux plaintes qui s'éle- vaient contre les gouverneurs des provinces et contre les _ juges iniques, complices moraux de leurs méfaits. L'op— V position, elle aussi, ne se fit point faute d'attaquer ses ad- versaires sur l’unique terrain qui lui restàt, dans les pré- toires desjuges. Le jeune Gaius César, qui déjà, comme ·le·comportait son age, s’était ardemment melé à la grande agitation pour le rétablissement des pouvoirs tribuniciens, 71 M, J_.<;_ César, dis-je, se porta accusateur en 677, contre Gnœuc Dolabella, consulaire et l’un des principaux sectateurs de Sylla : puis l’année d'après contre Gaius Antonius, autre ro. officier du dictateur ¤. En 684, Marcus Cicéron, à son tour, accusa Gaius Verres, l'une des plus hideuses créatures de Sylla et l’un des exécrables fléaux des provinces. Tous les · jours, le peuple au Forum entendait raconter les sombres ` temps des proscriptions, les souffrances inouies des pro- vinciaux, les honteux abus de la justice criminelle, tout celadans le pompeuxlangage de la rhétorique italienne et avec l'assaisonnement amer de la moquerie nationale. Le . puissant dictateur qui n’était plus et ses séides vivants étaient en butte à toutes les colères et à tous les mépris. Chaque jour les orateurs. du parti populaire réclamaient a grands cris et la restauration des pleins pouvoirs du tribu- ' nat, cette panacée sainte et magique d’autrefois quiseule ' _ E ‘ [V. la Vie de César, 1, p. 266.]