Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/265

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CHUTE DE L’0LlGARGH1E ' 26tr mêmes d'entre les sénateurs étaient entrés en tressaillement. La guerre constitutionnelle finit d’ailleurs autrement et bien plus mal qu'elle n’avait commencé. C'était après tout_ unjeune homme} noble en toutes choses que celui qui avait ouvert la révolution : elle était close, au contraire, par des intrigants et des démagogues de la pire espece. au commencement, les optimates avaient mis de la mesure _ dans leur résistance, alors même qu’ils luttaient 0pinià— trement encore pour la défense de positions perdues : à la fin de la crise, ce sont eux qui prennent l'initiative de la force brutale: leur faiblesse se venge en gros mots, et ils violent misérablement leurs serments. Le but que jadis on ne pouvait entrevoir que dans le plus téméraire des reves, on-y touche aujourd’hui. Le Sénat a cessé de régner. De rares vieillards vivaient encore, qui avaient assisté aux premiers orages de la révolution, et avaient entendu la voix des Gracques: que s'ils comparaient ces temps avec le temps actuel, ils devaient voir que tout était changé, le pays et le peuple, le droit public et la discipline militaire, la vie et les mœurs; et, quand ils rapprochaient les réa- · lités du jour de l’idéal jadis entrevu par les fils de Cor- nélie, ils se prenaient d’un triste et ironique sourire! Mais leurs réflexions appartenaient au passé. Dans le temps présent et dans l’avenir, la chute de l'aristocratie était un fait accompli. Les oligarques ressemblaient à une ` armée en débandade, et dont les corps s’en vont renforcer d’autres troupes, sans pouvoir par eux-mêmes tenir la campagne ou tenter pour leur compte le sort des combats. Cependant, l’ancienne guerre ayant pris fin, déjà il s’en préparait une nouvelle: la guerre entre les deux forces un moment alliées pour renverser la constitution aristo- cratique, entre l’opposition démocratique et la puissance militaire, ambitieuse et prédominante. La situation ex- ceptionnelle faite à Pompée par la loi Gabinia, et plus encore par la loi Manilia, ne pouvait se concilier avec l’0rdre de choses, républicain. La premiere, disaient non