Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/327

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K _ CONFLITS DES PARTIS 3‘É3 V q cause, et fêter leur mémoire. Les démocrates n'y man- ssmmanus · quèrent point. Nous venons de dire comment Saturninus ‘ avait été réhabilité par le procès fait à son prétendu, _ meurtrier. 'Le souvenir de Marius était bien autrement retentissant, et faisait battre les cœurs : or, il se trouvait que ce même homme, qui naguère avait sauvé »l’Italie - ‘ envahie par le flot des barbares du Nord, avait aussi pour neveu le chef actuel du parti. La foule éclata en trans- ports,«quand, en 686, César, malgré- la défense de l'édit, 68 av. J.-C. montra un jour en plein Forum, aux funérailles de la ‘ veuve de Marius, les traits vénérés du vainqueur de Verceil. Un matin, trois ans après (689), on revit appendus es. au Capitole, étincelants d'or et de marbre, et à la place même où Marius les avait dressés, les trophées que Sylla ' avait fait abattre : aussitot les vétérans, les invalides des u guerres d’Afrique ét cimbrique d’accourir, de se presser, · les larmes aux yeux, autour de l’image du chef aimé : ce fut pour les masses un jour d’allégresse, et le Sénat n'osa . pas renverser ces insignes proscrits, qu’une main hardie osait relever, au mépris des lois t. · S · Néanmoins, toute cette agitation, ces querelles, et tout Insigniûance ce bruit, n'avaient qu’une mince importance, à les juger du résunam r en homme d'état. L’oligarehie était bien vaincue, et la démocratie tenait le-gouvernail. L'ennemi gisant à terre, . tous, jusqu’aux derniers des plus petits, se précipitaient et donnaient leur coup de pied: les démocrates repre- naient possession de leurterrain, et relevaient leurs autels · et leursdogmes : les doctrinaires du parti n'avaient point de cesse qu’ils n’eussent rétabli de toutes pièces les pri- A viléges populaires, et poussaient leur principejusqu'au ridicule, comme les ultra—legitimistés ne manquent jamais de le faire. Tout cela va de soi, et peu importe, d’ailleurs. Mais de cette agitation sans but, que pouvait-il sortir? Elle trahissait manifestement l’embarras des meneurs, cher- 1 [V. Hist. de César, l, p. 30l.]