Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/363

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V RETOUR DE POMPÉE’ 359 pour probable que loin des lieux et portant ailleurs tous ses soins, plus que malhabile aussi à prendrele vent dans les choses de la politique, il n’avait pas, jusqu’à cette heure, au moins, mesuré dans leur enchaînement et leur ` étendue, les trames ourdies contre lui par les démocrates: ` peut-ètre enfin du haut de sa superbe à courtes vues, . voulait-il ignorer quel travail de taupe se faisait sous ` - ses pas. Ajoutez à cela, que la démocrat_ie, tlatterie irré- sistible pour un homme de ce caractère, prodiguait à toute heure au grand héros les témoignages extérieurs du · ' ` respect; que la veille mème, en 691, et spontanément, sa sv. J.·c. ainsi qu’il l'avait pour agréable, elle l’avait, par un plé- . _ I biscite, surchargé d’honneurs et d’insignes glorieux (p. 304). N’y eut·il pas eu tout cela, encore y allait-il de son intéret bien compris de rester, en apparence au moins, l’ami du parti populaire. Démocratie et monarchie se tou- . 4 — chent par une affinité étroite; et au moment ou la main du _ généralse portait vers la couronne, il lui fallait comme par le passé se donner pour le champion des libertés. Donc, ` . motifs personnels et motifs politiques, tout concourait, ` en dépitdu passé, à maintenir l’alliance entre Pompée et les chefs de la démocratie. D'un autre coté, rien n’avait été fait pour combler l’abîme qui depuis son entrée dans le camp démocratique, le séparait des Syllaniens ses ‘ anciens amis. Sa querelle avec Métellus et Lucullus avait ` ‘ soulevé leurs coteries a la fois nombreuses et influentes. _ L’opposition mesquine du Sénat, d'autant plus irritante qu’elle se prenait à un homme tout composé de petitesses, l'avait suivi dans tout le cours de- ses campagnes. Il souffrait cruellement de ce que le Sénat n’avait rien fait pour honorer dignement en lui l’homme d’un extraor- dinaire génie, ou mieux, pour le récompenser extraordi- nairement. N’oublions pas non plus que l'aristocratie s'enivrait de sa victoire de la veille, que la démocratie se sentait humiliée, et qu’enfin lapremière ayant pour _ guide Caton, le plus follement entèté des hommes, la