Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/181

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cités Siciliotes, avec la perspective prochaine de la complète égalité civile, ce_n’est pas qu’il veuille latiniser· l’île, mais c’est que la nature l’ayant faite bien moins la voisine que la plus belle des régions de l’Italie, il importe qu’elle soit anneXée au système italien, exactement comme Naples et Rhegium, sous la réserve de sa tradition grecque.

Cependant, les colonisations, les latinisations se poursuivaient au profit de l’élément—romain sur tousles p0ints de l’Empire. Toute terre non concédée par acte exprès à une cité, a un particulier, était tenue pour domaine de l’État, dans les provinces. L’occupant actuel n’en avait la possession héréditaire qu’à titre de tolérance et de précaire. Cette maxime, née de la combinaison fâcheuse du droit formel et du droit de la force brutale, avait néanmoins sa raison~d’étre nécessaire. Par elle, Rome avait sa libre main sur les peuples voués à l’anéantissement. César la maintint en vigueur, et par lui elle passa de la théorie démocratique, dans le catéchisme fondamental juridique de la nouvelle monarchie. En première ligne, dans cette question .de l’extension de la nationalité romaine, se présentaient naturellement les Gaules. Dans la Cisalpine, où depuis longtemps la démocratie tenait la révolution pour accomplie (VI, p. 420; VII,’p. 449), César n’eut qu’à parachever celle-ci et ai la clore, en proclamant l’admission en bloc de toutes les cités transpadanes à la cité romaine pleine, et l’égalité politique absolue (105), concession faite a bon nombre d’habitants déja et depuis bon nombre d’années. De fait, jouissant depuis 40 ans du droit latin, la province s’était latinisée complètement. Certains exclusifs se moquèrent du Celto-Latin à l’accent rauque et guttural : il manquait « ce je ne sais quel agrément du parler de Rome » a tous les Insubres et Venètes, à ces vieux légionnaires de César,.qui s’étaient conquis a la pointe de l’épée leur place sur le Forum, et leur siège dans la Curie (supra p. 80). Il n’en est pas "moins vrai que dès avant César, la Cisalpine, avec sa population