Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/268

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'256 _ LIVRE V, CHAPITREXII 4 d’une·moralite· générale plus austère. L’ancienne Rome y . gourmande la ` jeunesse indisciplinée et corrompueœ l’érudit, vivant _au milieu `de ·ses classiques, y apostrophe la poésienouvelle si relâchée et si pauvre, si condamnable dans ses tendances 1 : le citoyenede la _vieille roche en veut a la Rome nouvelle, ou le Forum- est devenu, pour _ parler comme lui, une étable ct porcs: où Numa, s’il · jetait les yeux sur sa ville, n’y retrouverait plus vestige _ de ses sages préceptes! Dans la—bataille livrée pour la constitution, Varron suivit ce qui lui parut laligne du devoir : pourtant ses goûts étaient! ailleurs que dans la mêlée des partis : « Pourquoi donc, » s’écrie-t-il, me ' » faire quitter ma vie-tranquille et pure pour les immon- .» dices du Sénat? » Il était du bon vieux temps, ou la _ 4 parole « sentait l’ail et l’oignou »·, mais ou le cœur était sain. La guerre qu'il mène contre l’ennemi héréditaire de _ la tradition antique, contre les sages cosmopolites de la Grece n’est que l'un des cotés de son opposition de vieux ' . romain contre l’esprit des temps nouveaux< Il restait dailleurs dans sa voie naturelle, en même temps que dans son role de cynique, quand s’attaquant de préférence aux . philosophes, il faisait siffler le fouet de Ménippe à leurs I * « Veux-tu donc bredouiller.(ga1·garidans), n dira-t-·il, « les » belles images et les vers de Clodius, l’esclave de Quintius, et » t’écrier comme lui : « o sort! o destinée! (Epislol. ad Fu/Zum). » - Etailleurs : « Puisque Clodius, l'esclave de Quintus,,a su faire » tant de comédies saus l’aide de la muse, ne pourrais-je pas, moi, » fabriquer aussi, comme dit Ennius, un unique petit livre? ' » (Bimarcus, oaqal ~.-p6-nou). »-— Ce Clodius, inconnu d’ailleurs, semble avoir été quelque pauvre imitateur de Terence. Je ne sais dans ' quelle comédie de Terence, en eilet, se retrouve Pexclamation dont Varron se moque z et o sort! o destinée! >>— Dans l’Ane joueur de J luth ('Ovoç Zôpaç), Varrop mel dans la bouche d’un poète, le portrait qui suit : « On m’appelle élève de Pacuvius, qui fut élève d’Ennius, le disciple de la muse : pour moi, je mc nomme Pompilius. » N’y avait-il.point la quelque parodie de Pintroduction du poeme de Lucrèce (p. 238, n. t)? Varren avait rompu avec Vepicuréisme et s’était fait son ennemi: il dut se sentir peu de penchant pour - Lucrèce, et ne le cite, que nous sachions, nulle part.