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iv
Préface.

époque des monumens dramatiques en langue française assez considérables et d’une assez grande perfection relative pour que l’on puisse supposer sans témérité qu’elle en a produit davantage ; quoi qu’il en soit, nous avons donné ce qu’il en reste : nous voulons parler des pièces qui suivent le Miracle des Vierges sages et des Vierges folles et qui précèdent celui d’Amis et d’Amille. C’est réellement à cette époque que commence pour nous le théâtre français dans le sens que nous donnons à ce dernier mot. M. Magnin le fait remarquer en ces termes :


« Dès l’ouverture de la troisième période, nous verrons le drame ecclésiastique obligé de renoncer à la langue latine et de la remplacer par des idiomes vulgaires. Devenu peu à peu trop étendu pour conserver sa place dans les offices, le drame liturgique fut représenté les jours de fête, après le sermon. La Bibliothèque Royale possède un précieux manuscrit des premières années du xve siècle qui ne contient pas moins de quarante drames ou miracles, tous en l’honneur de la Vierge, la plupart précédés ou suivis du sermon en prose qui leur servait de prologue ou d’épilogue. Déjà, dans ce recueil, dont la composition remonte au xive siècle, plusieurs légendes, laïques et chevaleresques, telles que celles de Robert-le-Diable, dénotent l’affaiblissement graduel et la prochaine décadence du drame hiératique (6). »


Il m’a paru nécessaire de donner ces notions préliminaires avant d’aborder l’histoire de notre travail. Sans doute j’eusse pu composer une introduction avec les matériaux que j’avais rassemblés pendant plusieurs années sur l’histoire de notre ancien théâtre, et me dispenser par là de puiser si largement dans l’œuvre d’autrui ; mais arrivé en présence du public avec des opinions que je devais à mes propres études, j’ai attendu qu’il me fût permis de les exprimer et de les soutenir devant lui. M. Magnin s’était chargé en partie du même soin ; je l’ai entendue, j’ai mêlé mes applaudissements, à ceux de la foule éclairée qui se pressait autour de lui ; et quand mon tour est venu de prendre la parole, j’ai dû y renoncer et m’en tenir aux développements et aux conclusions de l’habile maître, qu’il eût été glorieux pour moi de trouver sommeillant. Le tribunal de la critique, on le sait, a déclaré la cause entendue.