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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

d’inspection, raconte M. Mahul, et ayant vu l’exactitude avec laquelle Louis XVI observait le jeûne des Quatre-Temps et faisait ses prières, il en rendit compte et conclut que ce prince était un dévot, et par conséquent un tyran, attendu que Louis XI et Philippe II, roi d’Espagne, avaient été à la fois dévots et oppresseurs. »

D’un autre côté, — car tout est incertitude et nuage dans cette période de l’existence de Cubières, — on trouve dans le livre des Girondins un fait qui, s’il est vrai, restitue à l’auteur des Hochets de ma jeunesse une partie de ses premiers sentiments aristocratiques. « Dorat-Cubières, dit M. de Lamartine, membre de la Commune, homme plus vaniteux que cruel, fanfaron de liberté, écrivain de boudoirs, déplacé dans les tragédies de la Révolution, était de service dans l’antichambre du roi le jour qu’arriva M. de Malesherbes. Dorat-Cubières, qui connaissait et révérait le vieillard, le fit approcher du foyer de la cheminée et s’entretint familièrement avec lui : « — Malesherbes, lui dit-il, vous êtes l’ami de Louis XVI ; comment pouvez-vous lui apporter des journaux où il verra toute l’indignation du peuple exprimée contre lui ? (En fouillant Malesherbes, on avait trouvé sur lui le journal des séances de la Convention.) — Le roi n’est pas un homme comme un autre, répondit le vieillard ; il a une âme forte, il a une foi qui l’élève au-dessus de tout. — Vous êtes un honnête homme, vous, reprit Cubières, mais si vous ne l’étiez pas, vous pourriez lui porter une arme, du poison, lui conseiller une mort volontaire… » La physionomie de M. de Malesherbes trahit à ces mots une réticence