Page:Moréas - Esquisses et Souvenirs, 1908.djvu/95

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Mais l’Automne entre dans son inspiration ; il y entre comme symbole et comme métaphore :

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne…

Avec sa figure de bandit mandchourien, Verlaine avait l’esprit le plus fin. Il avait aussi le goût et le sentiment de la mignardise. Et ce n’est pas pour rien qu’il excellait à mettre en rimes les Fêtes galantes. L’automne de ces peintures, d’un raffinement qui n’exclut pas le naturel, lui convenait :

Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble, et s’étonne.

Ce poète était débordant de poésie, d’une poésie d’actualité. Sans doute il n’a pas suivi la mode ; il l’a créée, ce qui est peut-être plus grave.

J’ai toujours été la proie de cette saison :

Automne malheureux que j’aime ton visage !

Qui sait si ce n’est point à tort que la tristesse de l’Automne a séduit mon âme ! La belle lumière