Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/230

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dans le cristal rompu des ruisselets obliques,
il aime à voir trembler tes feux mélancoliques.
L’injustice, la mort ne dépitent les sages ;
aux yeux de la raison le mal le plus amer
n’est qu’une faible brise à travers les cordages
de la nef balancée au milieu de la mer.
Et mon ami sait bien que le vert ne couronne
la ramée toujours, mais ni toujours l’automne ;
que c’est des jours heureux qu’il faut se souvenir,
que même le malheur, comme humain, doit mourir.
Or le dessein plus fier, la plus docte pensée,
à la quenouille où est la Parque embesognée
se prennent comme mouche aux toiles d’araignée !
ô hélas ! Qui pourra que les étés arides
ne viennent aux jardins sécher les fleurs rapides,
que le funeste hiver, son haleine poussant,
ne fasse du soleil un éclat languissant ;
que sous le tendre myrte à la rose mêlé