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louise labé

daigna, et, désespérée, elle se jeta dans la mer.

« Elle subit la destinée des ondes de Leucade », dit, dans sa quinzième Héroïde, Ovide qui, comme tant d’autres, identifie la courtisane amoureuse avec son homonyme, la poétesse.

Sans doute, au sujet de Sapho, la légende a prévalu définitivement ; et qui sait si elle n’a pas raison, contre la science et l’Iconographie grecque de Visconti ?

La vie de Louise Labé, la Belle Cordière lyonnaise, n’est pas moins mêlée de légende que celle de la grande Sapho, éternel modèle de toutes les femmes poètes.

Un contemporain de Louise, émule des Turnèbe, des Muret et des Ramus, bon humaniste de ce xvie siècle docte et fleuri, fait l’éloge de la poétesse en vers grecs, et ne manque pas de la comparer à Sapho, pour le génie comme pour la mauvaise chance en amour :

« Les chants de Sapho à la douce voix, que la force du temps vorace avait anéantis, voici que, nourrie au sein mielleux de la Paphienne et des amours, Labé les a fait revivre.

« Si quelqu’un s’en étonne comme d’un prodige, et demande d’où vient cette nouvelle