Page:Morris - La vie ou la mort de l'art, paru dans Le Socialiste du 19 juin 1904.pdf/5

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le capitalisme à vivre sans le plaisir nécessaire à l'humanité.

Oui, la domination de la classe moyenne ! Car les choses étaient très différentes tout le temps du Moyen-Age, du XII° à la fin du XVII° siècle, alors que la classe moyenne se formait des serfs affranchis, des paysans et des artisans des corporations (guildes). Durant cette période, au moins, tout objet manufacturé, tout ce qui est susceptible d'ornement, était fait plus ou moins beau ; et la beauté n'y était pas ajoutée comme un article séparé ; tous les artisans, en effet, étaient plus ou moins artistes, et ne pouvaient s'empêcher de mettre de la beauté aux choses qu'ils faisaient. Il est facile de voir que cela n'aurait pu se produire s'ils avaient travaillé pour le bénéfice d'un maître. Ils travaillaient, au contraire, dans de telles conditions qu'ils étaient eux-mêmes les maîtres de leur temps, de leurs outils et de leurs matériaux, et, pour la plus grande partie, leurs produits étaient échangés par le simple procédé du client achetant au producteur. Dans ces circonstances, il était naturel, qu'un homme, étant maître de son travail, préférât se le rendre plus agréable en exerçant à son propos cet amour de la beauté qui est commun à tous les hommes, tant qu'il n'est pas détruit