Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/127

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Mon père mourut ; il y avait longtemps que nous avions perdu ma mère. Je demeurai sous la garde de ma tante, que vous connaissez. Un voyage qu’elle fut obligée de faire quelque temps après la força de me confier à son tour à mon futur beau-père. Il ne m’appelait jamais autrement que sa fille, et il était si bien connu dans le pays, que je devais épouser son fils, qu’on nous laissait tous deux ensemble avec la plus grande liberté.

« Ce jeune homme, dont il est inutile de vous dire le nom, avait toujours paru m’aimer. Ce qui était depuis des années une amitié d’enfance devint de l’amour avec le temps. Il commençait, quand nous étions seuls, à me parler du bonheur qui nous attendait ; il me peignait son impatience. J’étais plus jeune que lui d’un an seulement, mais il avait fait dans le voisinage la connaissance d’un homme de mauvaise vie, espèce de