Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/128

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chevalier d’industrie dont il avait écouté les conseils. Tandis que je me livrais à ses caresses avec la confiance d’un enfant, il résolut de tromper son père, de nous manquer à tous de parole et de m’abandonner après m’avoir perdue.

Son père nous avait fait venir un matin dans sa chambre, et là, en présence de toute la famille, nous avait annoncé que le jour de notre mariage était fixé. Le soir même de ce jour, il me rencontra au jardin, me parla de son amour avec plus de force que jamais, me dit que, puisque l’époque était décidée, il se regardait comme mon mari, et qu’il l’était devant Dieu depuis sa naissance. Je n’eus d’autre excuse à alléguer que ma jeunesse, mon ignorance et la confiance que j’avais. Je me donnai à lui avant d’être sa femme, et huit jours après il quitta la maison de son père ; il prit la fuite avec une femme que son nouvel ami lui avait fait connaître,