Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/129

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il nous écrivit qu’il partait pour l’Allemagne, et nous ne l’avons jamais revu.

« Voilà en un mot l’histoire de ma vie ; mon mari l’a sue comme vous la savez maintenant. J’ai beaucoup d’orgueil, mon enfant, et j’avais juré dans ma solitude que jamais un homme ne me ferait souffrir une seconde fois ce que j’ai souffert alors. Je vous ai vu, et j’ai oublié mon serment, mais non pas ma douleur. Il faut me traiter doucement ; si vous êtes malade, je le suis aussi ; il faut avoir soin l’un de l’autre. Vous le voyez, Octave, je sais aussi ce que c’est que le souvenir du passé. Il m’inspire aussi près de vous des moments de terreur cruelle ; j’aurai plus de courage que vous, car peut-être ai-je plus souffert. Ce sera à moi de commencer ; mon cœur est bien peu sûr de lui, je suis encore bien faible ; ma vie, dans ce village, était si tranquille avant que tu n’y fusses venu ! je m’étais tant promis de