Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/166

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Je partirai cette nuit même, et ne vous demande point de pardon ; vous me l’accorderiez que Dieu n’en voudrait pas. Donnez-moi un dernier baiser. »

Je me penchai sur elle et la baisai au front. « Pas encore ! » s’écria-t-elle avec angoisse. Mais je la repoussai sur le sofa et m’élançai hors de la chambre.

Trois heures après j’étais prêt à partir, et les chevaux de poste étaient arrivés. La pluie tombait toujours, et je montai à tâtons dans la voiture. Au même instant, le postillon partit ; je sentis deux bras qui me serraient le corps, et un sanglot qui se collait sur ma bouche.

C’était Brigitte. Je fis tout au monde pour la décider à rester ; je criai qu’on arrêtât ; je lui dis tout ce que je pus imaginer pour lui persuader de descendre ; j’allai même jusqu’à lui promettre que je reviendrais un jour à elle, lorsque le temps et les voyages auraient