Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/181

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— Est-ce bien vrai ? disait Brigitte, et son beau front, tout radieux d’amour, se levait alors vers le ciel, est-ce bien vrai que je suis à toi ? Oui, loin de ce monde odieux qui t’avait vieilli avant l’âge, oui, enfant, vous allez aimer. Je vous aurai tel que vous êtes, et, quel que soit le coin de la terre où nous allons trouver la vie, vous m’y pourrez oublier sans remords le jour où vous n’aimerez plus. Ma mission sera remplie, et il me restera toujours là-haut un Dieu pour l’en remercier. »

De quel poignant et affreux souvenir me remplissent encore ces paroles ! Enfin il était décidé que nous irions d’abord à Genève, et que nous choisirions au pied des Alpes un lieu tranquille pour le printemps. Déjà Brigitte parlait du beau lac ; déjà j’aspirais dans mon cœur le souffle du vent qui l’agite, et la vivace odeur de la verte vallée ; déjà Lausanne, Vevey, l’Oberland, et, par-