Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/191

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voulu que me fuir, et se dispenser d’un entretien fâcheux. Pourquoi encore ? Ce second mystère me troubla presque autant que le premier. Quoi que je fisse pour écarter cette idée, la disparition de ce jeune homme se liait invinciblement dans ma tête avec le silence obstiné de Brigitte.

L’incertitude est de tous les tourments le plus difficile à supporter, et, dans plusieurs circonstances de ma vie je me suis exposé à de grands malheurs faute de pouvoir attendre patiemment. Lorsque je rentrai à la maison, je trouvai Brigitte lisant précisément ces fatales lettres de N***. Je lui dis qu’il m’était impossible de rester plus longtemps dans la situation d’esprit où je me trouvais, et qu’à tout prix j’en voulais sortir ; que je voulais savoir, quel qu’il fût, le motif du changement subit qui s’était opéré en elle, et que, si elle refusait de répondre, je regarderais son silence comme un refus positif