Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/200

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le connaissait depuis son enfance. Avant que je ne vinsse au pays, elle le voyait quelquefois à N*** ; mais depuis mon arrivée elle n’y était allée qu’une fois, et il n’y était point à ce moment. Ce n’était donc pas par hasard que j’avais appris sur son compte quelques particularités, qui cependant m’avaient frappé. Il avait pour tout bien un modique emploi qui lui servait à entretenir une mère et une sœur ; sa conduite envers ces deux femmes méritait les plus grands éloges. Il se privait de tout pour elles, et quoiqu’il possédât comme musicien des talents précieux qui pouvaient mener à la fortune, une probité et une réserve extrêmes lui avaient toujours fait préférer le repos aux chances de succès qui s’étaient présentées. En un mot, il était de ce petit nombre d’êtres qui vivent sans bruit et savent gré aux autres de ne pas s’apercevoir de ce qu’ils valent.

On m’avait cité de lui certains traits qui