Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cause, que m’importait si j’étais heureux ? Mais tout en ne pouvant deviner le motif de la tristesse de Brigitte, je voyais bien que ma conduite passée, quoi qu’elle en pût dire, n’était pas maintenant étrangère à ses chagrins. Si j’avais été ce que j’aurais dû être depuis six mois que nous vivions ensemble, rien au monde, je le savais, n’aurait pu troubler notre amour. Smith n’était qu’un homme ordinaire, mais il était bon et dévoué ; ses qualités simples et modestes ressemblaient à de grandes lignes pures que l’œil saisit sans peine et tout d’abord ; en un quart d’heure on le connaissait, et il inspirait la confiance, sinon l’admiration. Je ne pouvais m’empêcher de me dire que, s’il eût été l’amant de Brigitte, elle serait partie joyeuse avec lui.

C’était de ma propre volonté que j’avais retardé notre départ, et déjà je m’en repentais. Brigitte aussi, quelquefois, me pressait. «