Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/215

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Qui nous arrête ? disait-elle ; me voilà guérie, tout est prêt. » Qui m’arrêtait, en effet ? Je ne sais.

Assis près de la cheminée, je fixais mes yeux alternativement sur Smith et sur ma maîtresse. Je les voyais tous deux pâles, sérieux, muets. J’ignorais pourquoi ils étaient ainsi, et malgré moi je me répétais que ce pouvait bien être pour la même cause, et qu’il n’y avait pas là deux secrets à apprendre. Mais ce n’était pas un de ces soupçons vagues et maladifs qui m’avaient tourmenté autrefois, c’était un instinct invincible, fatal. Quelle étrange chose que nous ! je me plaisais à les laisser seuls, et à les quitter au coin du feu pour aller rêver sur le quai, m’appuyer sur le parapet, et regarder l’eau comme un oisif des rues.

Lorsqu’ils parlaient de leur séjour à N***, et que Brigitte, presque enjouée, prenait un petit ton de mère, pour lui rappeler les jours