Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/216

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passés ensemble, il me semblait que je souffrais et cependant j’y prenais plaisir. Je leur faisais des questions ; je parlais à Smith de sa mère, de ses occupations, de ses projets. Je lui donnais occasion de se montrer dans un jour favorable, et je forçais sa modestie à nous révéler son mérite. « Vous aimez beaucoup votre sœur, n’est-il pas vrai ? lui demandais-je. Quand comptez-vous la marier ? » Il nous disait alors en rougissant que le ménage coûtait beaucoup, que ce serait fait peut-être dans deux ans, peut-être plus tôt, si sa santé lui permettait quelques travaux extraordinaires qui lui valaient des gratifications ; qu’il y avait dans le pays une famille assez à l’aise dont le fils aîné était son ami ; qu’ils étaient presque d’accord ensemble, et que le bonheur pouvait venir un jour, comme le repos, sans y songer ; qu’il avait renoncé pour sa sœur à la petite part de l’héritage que le père leur avait laissé ; que la