Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que ce que je raconte en ce moment ? Ma maîtresse voulait partir et je n’avais qu’à dire un mot. Je la voyais triste, et pourquoi restais-je ? qu’en serait-il arrivé si j’étais parti ? Ce n’eût été qu’un moment de crainte ; nous n’aurions pas voyagé trois jours que tout se serait oublié. Seul auprès d’elle, elle n’eût pensé qu’à moi ; que m’importait d’apprendre un mystère qui n’attaquait pas mon bonheur ? Elle consentait, tout finissait là. Il ne fallait qu’un baiser sur les lèvres ; au lieu de cela, voyez ce que je fais.

Un soir que Smith avait dîné avec nous, je m’étais retiré de bonne heure et les avais laissés ensemble. Comme je fermais ma porte, j’entendis Brigitte demander du thé. Le lendemain, en entrant dans sa chambre, je m’approchai par hasard de la table, et à côté de la théière je ne vis qu’une seule tasse. Personne n’était entré avant moi, et par conséquent le domestique n’avait rien