Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur, comme altéré d’oubli, voudrait s’élancer au-dehors pour renaître ; il redemande la vie à ce qui l’environne, il aspire l’air ardemment, mais il ne trouve autour de lui que ses propres chimères qu’il vient d’animer de la force qui lui manque, et qui, créées par lui, l’entourent comme des spectres sans pitié.

Il n’était pas possible que les choses continuassent longtemps ainsi. Fatigué de l’incertitude, je résolus de tenter une épreuve pour découvrir la vérité.

J’allai à la rue Jean-Jacques-Rousseau et demandai des chevaux de poste pour dix heures du soir. Nous avions loué une calèche, et j’ordonnai que tout fût prêt pour l’heure indiquée. Je défendis en même temps qu’on en dît rien à madame Pierson. Smith vint dîner ; en me mettant à table, j’affectai plus de gaîté qu’à l’ordinaire, et, sans les avertir de mon dessein, je mis l’entretien sur notre