Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’avait pas été avec la pensée que nous partirions en effet. Je ne voulais que faire une tentative ; mais, par la force même des choses, elle était devenue véritable. J’ouvris la porte. « Il le faut ! me disais-je ; il le faut ! répétai-je tout haut. Que veut dire ce mot, Brigitte ? qu’y a-t-il donc que j’ignore ici ? Expliquez-vous, sinon je reste. Pourquoi faut-il que vous m’aimiez ? »

Elle tomba sur le canapé et se tordit les mains de douleur. « Ah ! malheureux ! malheureux ! dit-elle, tu ne sauras jamais aimer !

— Eh bien ! peut-être, oui, je le crois ; mais, devant Dieu ! je sais souffrir. Il faut que vous m’aimiez, n’est-ce pas ? eh bien ! il faut aussi me répondre. Quand je devrais vous perdre à jamais, quand ces murs devraient crouler sur ma tête, je ne sortirai pas d’ici que je ne sache quel est ce mystère qui me torture depuis un mois. Vous parlerez, ou je vous quitte. Que je sois un fou,