Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/297

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pris la main de Brigitte, et, rêvant sans doute dans son sommeil, elle avait prononcé mon nom.

Je me levai et marchai dans la chambre ; un torrent de larmes coulait de mes yeux. J’étendais les bras comme pour ressaisir tout ce passé qui m’échappait. « Est-ce possible ? répétais-je ; quoi ! je vous perds ? je ne puis aimer que vous. Quoi ! vous partez ? c’en est fait pour toujours ? Quoi ! vous, ma vie, mon adorée maîtresse, vous me fuyez, je ne vous verrai plus ? Jamais, jamais ! disais-je tout haut ; et m’adressant à Brigitte endormie, comme si elle eût pu m’entendre : « Jamais, jamais, n’y comptez pas ; jamais je n’y consentirai. Et qu’est-ce donc ? pourquoi tant d’orgueil ? N’y a-t-il plus aucun moyen de réparer l’offense que je vous ai faite ? Je vous en prie, cherchons ensemble. Ne m’avez-vous pas pardonné mille fois ? Mais vous m’aimez, vous ne pourrez partir, et le courage