Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/298

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vous manquera. Que voulez-vous que nous fassions ensuite ? »

Une démence horrible, effrayante, s’empara de moi subitement ; j’allais et venais, parlant au hasard, cherchant sur les meubles quelque instrument de mort. Je tombai enfin à genoux et je me frappai la tête sur le lit. Brigitte fit un mouvement, et je m’arrêtai aussitôt.

« Si je l’éveillais ! me dis-je en frissonnant. Que fais-tu donc, pauvre insensé ? Laisse-la dormir jusqu’au jour ; tu as encore une nuit à la voir. »

Je repris ma place ; j’avais une telle frayeur que Brigitte ne fût éveillée, que j’osais à peine respirer. Mon cœur semblait s’être arrêté en même temps que mes larmes. Je demeurai glacé d’un froid qui me faisait trembler, et comme pour me forcer au silence : « Regarde-la, me disais-je, regarde-la, cela t’est permis. »